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Götze et Mertesacker ne jurent que par lui et Joachim "Jogi" Löw le pratique depuis des lustres. Le yoga ! La Mannschaft a intégré cette discipline indienne ancestrale, qui a conquis des millions d'adeptes en Occident, à ses programmes d'entraînement.
"A ma connaissance, j'étais le seul professeur de yoga d'une équipe nationale présent lors du Mondial au Brésil", explique à l'AFP Patrick Broome, le professeur de yoga de l'équipe championne du monde.
Depuis dix ans, ce quadragénaire aux cheveux longs suit l'Allemagne dans toutes les grandes compétitions. De la posture du lotus à celle du cobra, en passant par les salutations au soleil, il propose à ces sportifs professionnels, dont le corps et la tête sont mis à rude épreuve, "une technique pour améliorer la souplesse, la concentration et les performances sur le terrain".
Les séances pour les poulains de Joachim Löw se font sur une base volontaire. Une demi-heure à trois-quart d'heure tous les jours durant les phases de préparation d'un grand tournoi, puis pendant. Il en sera encore de même lors de l'Euro en France.
"Une bonne récupération après un match est essentielle pour que les joueurs puissent maintenir leur niveau de jeu", poursuit l'instructeur, qui pratique le yoga depuis une vingtaine d'années.
- Vin, expresso et yoga -
Grâce à cette "science du bien-être" qui décline exercices sur le souffle (pranayama en sanscrit) et postures portant généralement des noms d'animaux (asanas), les vedettes du ballon rond "peuvent faire retomber la pression plus rapidement" après une rencontre capitale, selon lui.
Les joueurs sont également "amenés à solliciter d'autres muscles" que lors d'un match. "Cela leur permet aussi de s'étirer et de vivre une autre expérience corporelle".
C'est durant les années Jürgen Klinsmann (2004-2006) que l'Allemagne a déroulé le tapis de yoga. De sa Californie d'adoption, l'ancien sélectionneur national a importé cette discipline. En Amérique du Nord, le yoga est très prisé depuis que des gourous indiens l'ont introduit à l'époque du "flower-power" et de Woodstock.
En lui succédant, Joachim Löw poursuit l'aventure et la Fédération allemande de foot (DFB) embauche alors Patrick Broome, qui dirige deux studios à Munich.
L'encadrement de la Mannschaft est conquis. "Jogi" Löw est même devenu le surnom de l'élégant et calme entraîneur qui aime trois choses dans la vie: le vin rouge, le café expresso et... le yoga, ça tombe bien !
Il y a dix ans, il fallait toutefois "avoir du courage" pour introduire cette discipline née il y a 4.000 ans sur les bords du Gange mais complètement boudée par les sportifs professionnels, juge Patrick Broome.
Le monde du ballon rond ricane alors devant cette "gym pour gonzesses" en ignorant que le yoga en Inde fut très longtemps interdit aux femmes.
"A l'époque, la presse allemande se moquait des joueurs quand ils faisaient des entraînements avec des élastiques pour accroître leur résistance musculaire. Alors, le yoga et toutes ces balivernes !", rigole le professeur.
- Version dépouillée -
Broome, figure très reconnue dans le milieu du yoga en Allemagne, décline toutefois une "version dépouillée" et sans salmigondis ésotérico-oriental.
Ni bâtons d'encens, ni statuette de Shiva, ni mantras récités en boucle. "Avec les joueurs, je suis beaucoup moins dans l'aspect spirituel de la pratique", admet le Munichois.
Seuls trois joueurs manquent systématiquement à l'appel de ses séances. Le milieu de terrain du Bayern Munich Mario Götze pratique, lui, assidument.
Autre passionné, le défenseur d'Arsenal Per Mertesacker. Avant la finale 2015 de la Coupe d'Angleterre face à Aston Villa, le joueur avait révélé "ne jamais manquer une séance" de yoga à Arsenal. "Cela m'aide beaucoup. Mentalement et physiquement. Ceux qui en font en ressentent tous les grands bénéfices", avait-il expliqué.
Dans une société du "toujours plus vite, toujours plus performant", le yoga est en outre un puissant remède pour gérer le stress, particulièrement chez ces stars souvent éblouies par le bling-bling de la notoriété.
"On ne les estime pas en tant que personne mais on les évalue en permanence en fonction de leurs performances sportives", souligne M. Broome, selon qui le yoga peut lentement leur apprendre à se libérer de cette pression.