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A la veille du lancement de l'Euro de football, le gouvernement s'impatientait jeudi face à la "pagaille" sociale qui ne retombe pas: la grève perdure à la SNCF, menace toujours à Air France et les poubelles débordent par endroits à Paris et Marseille.
Les opposants à la loi travail ont multiplié depuis l'aube les blocages temporaires: les accès au marché international de Rungis (Val-de-Marne), le port de Lyon, des voies ferrées à Annecy, Toulouse et Saint-Nazaire, et le périphérique nantais.
Dans l'énergie, des débrayages dans plusieurs centrales ont généré une légère baisse de la production, et la CGT revendique avoir basculé plus de 100.000 compteurs en heures creuses en région parisienne.
De nouvelles manifestations sont encore programmées dans de nombreuses villes. A Bordeaux, elle a réuni 1.500 personnes, avec en tête de cortège des retraités - appelés eux aussi à battre le pavé jeudi un peu partout contre la "dégradation" de leur pouvoir d'achat.
La ministre de l'Environnement Ségolène Royal a appelé à ce que "la pagaille cesse".
La "priorité" doit être "l'emploi", il "reprend. Ce n'est pas le moment de le stopper", a dit son homologue aux Finances, Michel Sapin, alors que Patrick Kanner (Sports) a dénoncé la "guérilla syndicale" de certaines confédérations.
Mais l'intersyndicale (CGT, FO, Solidaires, FSU, Unef, Fidl et UNL) ne veut pas lâcher et a de nouveau appelé à "amplifier" la mobilisation lors de la manifestation nationale à Paris le 14 juin.
A la SNCF, devenu le principal champ de bataille contre le projet de loi, la grève lancée par la CGT-cheminots, SUD-rail et FO (non représentatif), a été reconduite par les assemblées générales de cheminots pour la neuvième journée consécutive.
- Un remake de 1998 pour les pilotes ? -
L'accord interne, approuvé par la CFDT et l'Unsa, consacrant le maintien du régime de travail actuel à la SNCF et les promesses financières mercredi du Premier ministre, ne semblaient pas faire plier les grévistes. La direction recensait encore en matinée 7,9% de personnels mobilisés, tous métiers confondus. Depuis lundi, le taux est stable, autour de 8%. Le mouvement reste très suivi par les personnels roulants.
Le responsable du trafic en Ile-de-France a d'ores et déjà prévenu les spectateurs du match d'ouverture de l'Euro que la grève continuera vendredi et les a incités à venir au stade "le plus tôt possible".
Le trafic restait perturbé avec un train sur deux sur les lignes Transilien, RER et Intercités, et 6 TER sur 10. En revanche 80% des TGV devaient rouler.
Cette grève est "un scandale", a dénoncé jeudi le président des Républicains Nicolas Sarkozy. Il a accusé son successeur d'avoir "sacrifié la SNCF" en renonçant à la réforme voulue par la SNCF, afin de réduire l'écart de compétitivité avec le privé, pour tenter de sauver la loi El Khomri.
Chez Air France, les syndicats de pilotes d'Air France maintiennent la pression. A moins de 48 heures du début de leur grève annoncée, les négociations avec la direction ont échoué.
Ce conflit, prévu du 11 au 14 juin, lié à des revendications internes, n'est pas sans rappeler 1998: à l'approche de la Coupe du monde de foot, une grève des pilotes avait paralysé la compagnie pendant dix jours, avant un accord in extremis, le jour de l'ouverture du Mondial.
Autre front de la grogne sociale, qui écorne l'image du pays hôte de l'Euro 2016, le secteur des déchets.
Les principaux sites de traitement de la région parisienne étaient toujours bloqués, ainsi que l'incinérateur de Fos-sur-Mer, malgré l'appel du président de la métropole marseillaise Jean-Claude Gaudin à en libérer les accès, et le principal centre des Hautes-Pyrénées.
En revanche à Saint-Etienne, la collecte et le traitement des ordures ont repris jeudi.
Côté carburants, le mouvement se poursuit dans trois des cinq raffineries françaises du groupe Total mais toutes les stations-service du réseau sont réapprovisionnées. Au Havre, la grève du personnel des terminaux pétroliers continue aussi.