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Juan Pedro Damiani, l'influent président d'un des principaux clubs uruguayens, Peñarol, et ex-membre du comité d'éthique de la Fifa, est passé du rôle d'inquisiteur à celui de suspect en voyant son nom associé au scandale des "Panama Papers".
Jusqu'à mercredi, cet élégant quinquagénaire, cheveux grisonnants et costume soigné, était membre de la commission d'éthique de la Fifa, où il siégeait à la chambre de jugement. Il vient de donner sa démission, a annoncé l'organe mondial du football, qui a ouvert une enquête sur lui.
"Par la présente, je viens présenter ma démission du comité d'éthique de la Fifa, dont je fais partie depuis 1998 et dont les valeurs ont guidé mon comportement durant toutes ces années", écrit-il dans sa lettre de démission obtenue par l'AFP.
La commission d'éthique de la Fifa est une commission indépendante composée de deux chambres: la chambre d'instruction et la chambre de jugement.
Selon les "Panama Papers", Juan Pedro Damiani, 57 ans, est lié à trois personnes inculpées par la justice américaine dans le scandale de corruption de la Fifa.
Damiani et son cabinet d'avocats auraient notamment travaillé pour sept sociétés offshore liées à l'Uruguayen Eugenio Figueredo, ancien vice-président de l'instance internationale et ex-membre de son comité exécutif, arrêté à Zurich fin mai.
Le président de Peñarol aurait également servi d'intermédiaire auprès d'une société basée au Nevada (Etats-Unis) et liée aux hommes d'affaires argentins Hugo et Mariano Jinkis.
Ces derniers, dirigeants d'une société de marketing sportif, sont eux aussi poursuivis par la justice américaine, pour le versement présumé de dizaines de millions de dollars de pots-de-vin contre l'obtention de droits télévisés en Amérique du Sud.
- Pourfendeur de la corruption -
Dès les premières révélations, Damiani a rejeté les accusations via un communiqué : "Notre cabinet n'a maintenu aucune relation commerciale et n'a pas fait affaire avec M. Figueredo, ni avec aucune des personnes mentionnées dans l'article".
L'autre pilier de sa défense est la mise en avant de son rôle d'ardent pourfendeur de la corruption au sein de la Fifa et de la Confédération sud-américaine de football (Conmebol).
Ce fut le cas en 2013 devant la justice uruguayenne, entraînant l'extradition fin 2016, depuis la Suisse, de Figueredo, toujours détenu à Montevideo.
"J'ai dénoncé ce cas devant le comité d'éthique de la Fifa et devant le comité d'éthique de la Conmebol en janvier 2014", soutient Damiani dans ce même texte.
"C'est peut-être pour cela, pour avoir eu le courage de dénoncer, qu'il existe des personnes qui veulent salir ma réputation et mon nom avec des accusations fausses et injustes", ajoute-t-il.
Ce père de quatre enfants est président depuis 2008 de Peñarol, un des clubs les plus populaires d'Uruguay, qui a remporté cinq Copa Libertadores, l'équivalent sud-américain de la Ligue des champions.
Sur le site de son cabinet d'avocats, fondé par son père en 1949, Juan Pedro Damiani était présenté comme le principal associé. Sa biographie a depuis été retirée, a constaté l'AFP.
Également courtier à la bourse de Montevideo, il a été vice-président de la Fédération uruguayenne de football (AUF) de 1998 à 2005.
Depuis 1994, il est membre de la chambre de commerce uruguayo-panaméenne, toujours selon le site de son cabinet.
Tout juste avant que le scandale des "Panama Papers" n'éclate, il avait inauguré en grande pompe le nouveau stade de Peñarol, fin mars.