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© AFP/Leon Neal
La rameuse française Nathalie Benoit célèbre sa médaille d'argent aux jeux Paralympiques de Londres, le 31 août 2012
Elle souffre de sclérose en plaques depuis 15 ans et est condamnée au fauteuil roulant: Nathalie Benoit, 32 ans, médaillée en aviron aux jeux Paralympiques de Londres, se prépare à rallier Paris à Marseille via Lyon, par fleuves et canaux, un parcours de plus de 1.000 km jamais entrepris à la rame.
La jeune femme, professeur des écoles à Aix-en-Provence, est certes privée du contact direct avec ses élèves. Mais elle continue d'exercer son métier d'enseignante au Centre national d'éducation à distance (CNED).
Mais Nathalie Benoit est avant tout une sportive de haut niveau. Chez elle, c'est presque du domaine de l'inné, avec un père et un grand-père professeurs d'éducation physique.
"La sclérose en plaques m'a frappée à 17 ans, a-t-elle raconté à l'AFP. Un coup de massue, qui m'a obligée à mettre un terme à mes intenses activités sportives, parachutisme, montagne, karaté, tennis, moto, pentathlon..."
C'est avec le sourire et une bonne humeur communicative que Nathalie fait le récit de son infortune: "Sept années plus tard, j'ai dû me résoudre à m'asseoir dans un fauteuil roulant. Une porte venait de se fermer à jamais..."
Mais la jeune femme n'entend pas s'en laisser compter: "Je me suis attelée à d'interminables séances de rééducation, puis j'ai attaqué le basket en fauteuil. Mais, dès 2008, c'est l'aviron qui m'a séduite et je m'y suis lancée à fond".
Dès l'année suivante, de compétition en compétition, elle commence à monter sur les podiums, devient championne du monde de handi-aviron dans la catégorie "bras, épaules" en 2010 à Karapiro en Nouvelle-Zélande, championne de France en 2011 et 2012, année où elle décroche l'argent aux Paralympiques de Londres.
Si sa discipline sportive d'élection se conjugue à la 1ère personne (elle rame en solo), Nathalie Benoit veut jouer collectif en pensant aux quelque 80.000 personnes qui, comme elle, sont atteintes en France de la sclérose en plaques.
"Une porte s'est fermée, mais de nombreuses autres se sont ouvertes, dit-elle. Tout n'est pas sombre. Finies la tristesse et les larmes. Il faut lutter et engager les autres à lutter. C'est un bonheur. Après tout, si je n'avais pas cette maladie, je n'aurais pas cette vie de sportive de haut niveau. Il ne faut pas regarder en arrière".
Le défi auquel elle s'attaquera le 15 juin à Paris est d'une autre dimension. Foin de la vitesse, il mettra à l'épreuve ses capacités d'endurance et de résistance à l'effort pendant 39 jours sans interruption, sur son canot de 6,50 m.
Ce périple entre Paris et Marseille, sur la Seine d'abord (92 km à contre-courant), puis sur les canaux du Loing, de Briare, le canal latéral à la Loire, le canal du centre et enfin la Saône et le Rhône va l'amener à traverser 509 communes dans 14 départements et à franchir pas moins de 174 écluses.
"Elle va parcourir 1/7e des voies navigables de France, c'est une sacrée gageure, que l'on soit +valide+ ou dit +invalide+", souligne Marc Papinutti, directeur général du réseau navigable, dépendant du ministère des Transports.
"Nous allons lui apporter tout le soutien logistique et sécuritaire nécessaire, notamment aux difficiles passages des écluses", ajoute-t-il.
Sanglée sur son siège fixe et ne pouvant se servir de ses jambes -le principal atout des rameurs sur siège coulissant-, Nathalie Benoit devra donner dix coups de rames pour atteindre l'efficacité d'un seul chez un valide.
Elle sera suivie de près par un coche d'eau, transportant son assistance et où elle dormira le soir.
"Ce défi est la preuve de votre remarquable courage et une formidable leçon de vie", lui a écrit la ministre des Sports, Valérie Fourneyron, qui soutient ce Paris-Lyon-Marseille inédit à la rame.