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"On est avec toi, la force est en toi": écrit au feutre noir sur la malle de Pierre Cherpin, ce message n'a pas suffi au motard français, huitième des "malles-motos", ces galériens du Dakar, à avoir abandonné, mercredi matin.
Ils étaient 17 au départ le 4 janvier à Buenos-Aires, ils n'étaient plus que neuf en course mercredi soir, à Salta (Argentine). A trois jours de l'arrivée.
Le principe des "malles-motos" est simple: pas d'assistance, et bagage minimum! Une malle métallique où le concurrent entasse tout: outils, pièces de rechange, bottes et combinaison d'appoint. Et qu'il retrouve le soir, au bivouac, dans le camion de l'organisation dédié aux "malles-motos".
"En plus, ils ont juste droit à un petit sac de voyage, à leur tente et à deux roues", explique Mathieu Marchand, responsable "malles-motos" sur le Dakar.
"Chaque jour je finis de travailler vers 1 ou 2 heures du matin, et je me réveille à 4 ou 5 heures, pour l'étape suivante, mais j'aime ça": le visage fouetté par le vent de sable qui balaie le bivouac de Calama (Chili), mardi soir, Diocleziano Toia est à côté de sa moto, posée sur deux caisses en bois. Il a démonté les deux roue et la fourche avant. Et il entame sa deuxième journée: après 8 h 30 sur la selle de sa KTM, il devient mécano!
- Arrivée 8h00, départ 10h00 -
Pour travailler, les concurrents ont leurs outils. L'organisation du Dakar leur fournit en plus une "servante" (un établi), un compresseur et un groupe électrogène, de quoi éclairer leur zone de vie jusqu'à tard dans la nuit. Quand les réparations prennent plus de temps que prévu...
Diocleziano Toia n'est pas seul à travailler sur sa moto: sur la course, ce transporteur de chevaux a rencontré un autre Italien, Cesare Zacchetti, vendeur de vêtements à Turin, contraint à l'abandon dès la deuxième étape.
"De l'herbe s'était coincée dans le carénage, avec la chaleur elle a pris feu. Ma moto a brûlé, il n'en reste rien!", explique Cesare dans un français parfait à l'AFP. "Mais j'ai décidé de continuer le Dakar." Transporté de bivouac en bivouac dans le camping-car d'autres Italiens présents dans la grande caravane du Dakar, il aide son ami chaque soir.
Car la seule assistance autorisée, pour les "malles-motos", c'est celle des autres "malles-motos".
Mais parfois ils n'ont même pas le temps de bricoler. Comme le Néerlandais Henno van Bergeuk, arrivé à 08h00 au bivouac d'Iquique (Chili) mardi matin, et sur la route de Calama deux heures plus tard. Après un quart d'heure de sommeil. "Parfois, ils arrivent, ce sont des zombies", témoigne Mathieu Marchand.
- Comme dans Jules Verne -
"C'est de loin le plus dur", soupire Jurgen van den Goorbergh, qui a déjà fait le Dakar en camion et en auto. Ce Néerlandais, journaliste à ses heures dans un magazine moto, n'a pas goûté les 135 km de ligne droite sur le salar d'Uyuni, sous la pluie, en Bolivie. "C'était magnifique, mais le sel a tout détruit sur la machine, ça nous a donné un boulot de dingue", se souvient-il.
Si l'Argentin Robert Gajdosech n'a pas non plus eu "le temps d'apprécier le paysage" du salar, le Sud-Africain Albert Hintenaus lui a aimé: "C'était incroyable ces îlots de cactus qui surgissaient de nulle part, au milieu de la brume, on se serait cru dans un livre de Jules Verne."
Sinon, être "malle-moto", "c'est OK", lâche cet importateur de machines outils du Cap, qui s'est payé son rêve tout seul. "Je travaille dur, je gagne de l'argent, et je paye tout tout seul", explique Hintenaus. "Pas question de financer mon projet en vendant des tee-shirts ou en organisant des loteries!"