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Lewis Hamilton (Mercedes) a rendu une copie parfaite, dimanche à Silverstone, en remportant avec brio son 3e "British GP", et les organisateurs, bien aidés par une météo doublement favorable, ont montré comment la Formule 1 peut encore attirer la grande foule.
Sur la route d'un 3e titre mondial qui lui tend les bras, Hamilton a fait le grand chelem: pole position, victoire, et meilleur tour en course. Il a mené les 18 derniers GP auxquels il a participé, en a remporté 12. Il règne sur les séances de qualification (8 pole positions sur 9 possibles en 2015) et comme il dispose de la meilleure monoplace, la W06 Hybrid, c'est parti pour durer.
Même Nico Rosberg , qui n'est pas seulement doué pour organiser des barbecues le vendredi soir au pied de son motor-home, commence à se rendre compte que son coéquipier est un phénomène. Alors, il fait contre mauvaise fortune bon c?ur, ne se cherche pas d'excuses, dit "bien joué" et se console en voyant son nom à lui sur le trophée du vainqueur, grâce à sa victoire de 2013.
Pour qu'un sport plaise aux fans, il faut de la bagarre: il y en a toujours entre Hamilton et Rosberg, il y en a eu dimanche avec les Williams, très rapides au départ, et dans le peloton entre Ferrari, Force India, Red Bull et McLaren. Il y a même eu du suspense, à la fin, quand la pluie s'est invitée à la fête, mais elle n'a rien gâché. Puis le soleil est revenu, inondant le podium.
Au delà de la victoire du populaire Hamilton, atout-maître d'une marque allemande en pleine cure de jouvence, l'affluence enregistrée dans le temple du sport automobile anglais est un message fort de la part d'un sport très critiqué: 85.000 spectateurs vendredi, 110.000 samedi, 140.000 dimanche, dans des tribunes combles et sur des pelouses bien vertes, en plein Wimbledon.
- "Il faut des constructeurs forts" -
Un mois seulement après un GP du Canada très réussi (+12% de chiffre d'affaires), le nouveau directeur de Silverstone, Patrick Allen, a montré que la F1 n'a rien d'un sport "low cost", car il coûte toujours aussi cher, mais qu'en mettant les grands moyens, à tous les niveaux, on peut attirer la grande foule et satisfaire les clients. En Europe, comme en Amérique ou à Singapour.
Après plusieurs mois de crise existentielle autour des audiences de la F1, des finances des écuries, du bruit des moteurs et de l'âge des pilotes, ce British GP a remis les choses en place: le sport développé et médiatisé par Bernie Ecclestone, pendant plus de 40 ans, n'est plus une série de courses du dimanche entre garagistes passionnés, comme au début des années 70.
"Ça reste le pinacle du sport auto", disait Niki Lauda à l'AFP, dimanche matin, et pour le triple champion du monde, la F1 moderne n'a pas le choix: "Il faut des constructeurs forts, comme Mercedes, Ferrari, Honda et Renault, et ces moteurs hybrides qui nous ont coûté très cher. C'est plus important que des petites écuries incapables de boucler leur budget".
"Si deux écuries n'y arrivent plus, si on n'a plus que 16 voitures, on a un plan B: on mettra des troisièmes voitures, avec des jeunes pilotes dedans, et c'est ce qui coûtera le moins cher", a ajouté le renard autrichien, président non-exécutif mais très influent de l'écurie championne du monde, celle qui aligne les Flèches d'Argent d'Hamilton et Rosberg.
La grande famille de la F1 a longtemps été surnommée le "Club des Piranhas". Malgré les apparences, un peu plus "corporate", et le ton souvent amical, rien n'a changé, en fait. Il y a toujours des gros poissons, très gourmands, qui se régalent, et des petits poissons, moins bien portants, qui tentent de survivre. C'est un peu comme dans la vraie vie, loin du paddock de F1.