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© AFP/Mohammed al-Shaikh
Des pneus brûlent sur une route au Bahreïn lors d'une manifestation contre la tenue du Grand Prix de Formule 1, le 18 avril 2013
L'opposition chiite de Bahreïn a appelé ses partisans à manifester massivement vendredi alors que démarraient les essais libres du Grand Prix de Formule 1 et des heurts ont opposé la police à des protestataires sans avoir d'incidence sur la course.
Les partis de l'opposition veulent profiter de la tenue de la course pour faire entendre leurs revendications de réformes démocratiques dans ce petit royaume du Golfe à majorité chiite gouverné par une dynastie sunnite.
Mais un groupe radical clandestin, le Collectif du 14 février, organise depuis une semaine des protestations à caractère plus violent et a appelé via les réseaux sociaux à une "Journée de colère" vendredi contre la "Formule du sang" comme il appelle la course.
Des affrontements ont opposé dans la nuit des partisans de ce groupe à la police dans les villages chiites entourant Manama. Selon des témoins, des groupes de jeunes masqués ont coupé des routes à l'aide de pneus enflammés, mais sans entraver l'accès au circuit de Sakhir, au sud de Manama.
Les protestataires ont lancé des pierres et des cocktails Molotov en direction des forces de sécurité qui ont dispersé les manifestants à coups de grenades lacrymogènes, ont ajouté ces témoins qui n'ont pas fait état de victimes.
Les mouvements de l'opposition traditionnelle, conduits par la puissante formation chiite Al-Wefaq, ont pour leur part prévu une grande manifestation en milieu d'après-midi sur l'autoroute de Boudaya, à 4 km à l'ouest de Manama, qui relie plusieurs villages chiites.
Les forces de sécurité étaient déployées en force vendredi et des barrages de contrôle ont été érigés aux principaux carrefours, en particulier sur les routes menant au circuit de Sakhir.
© AFP/Marwan Naamani
Des pilotes de Formule 1 le 18 avril 2013 à Manama lors de la conférence de presse précédant le Grand Prix de Formule 1
De nombreuses voitures de police et quelques véhicules blindés étaient disposés le long de l'autoroute allant de Manama au circuit.
La Fédération Internationale de l'Automobile (FIA) et la société Formula One Management (FOM), qui gère la Formule 1, ont affirmé vendredi que "le sport peut souvent être une force pour le bien et que l'organisation du Grand Prix à Bahreïn va contribuer à aider à résoudre certains des problèmes qui ont été soulevés par les médias".
Le président du Bahreïn International Circuit (BIC), Zayed Alzayani, avait pour sa part assuré jeudi que le GP était "un événement national auquel 77% de la population sont favorables, selon un sondage Nielsen".
"Il y a des incidents mineurs mais aucune menace directe pour la course", a-t-il ajouté à la presse, en tablant sur "25.000 spectateurs dimanche", dont quelque 85% de Bahreinis et 8% venus de l'Arabie saoudite voisine.
Toutefois, HRW a déploré le silence des organisateurs du GP face aux "abus en matière de droits de l'Homme (à Bahreïn) qui semblent être directement liés à la course", en dénonçant une récente vague d'arrestations "arbitraires" de militants d'opposition dans des localités proches du circuit de Sakhir.
"Les responsables qui se soucient de F1 doivent tenir compte des souffrances humaines et de la répression qui entachent leur sport", écrit l'organisation.
Bahreïn est le théâtre de troubles récurrents depuis février 2011 en raison d'un mouvement de contestation animé par les chiites, majoritaires dans la population, contre la dynastie sunnite des Al-Khalifa au pouvoir.
Le Grand Prix avait été annulé en 2011 en raison de cette instabilité politique. Lors de l'édition 2012, l'opposition avait organisé des manifestations, parfois violentes, qui avaient fait un mort, pour attirer l'attention sur ses demandes de réformes politiques, mais sans entraver le déroulement de la course.