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© AFP/Alexander Klein
Le créateur de mode Sénégalais Moko sur le circuit de Monza lors du GP d'Italie le 7 septembre 2013
Dans le paddock de Singapour, comme à Monza ou à Spa-Francorchamps, Moko l'Africain, créateur de mode et passionné de F1, reconnaissable de loin à ses tenues colorées, peut parler pendant des heures de son hobby et de ses voyages, aux quatre coins du monde, pour suivre la F1.
Tout a commencé, vraiment, en 1979: "J'ai émigré du Sénégal en Europe et ma première course a été le Grand Prix de France à Dijon-Prenois, la grande bagarre entre (Gilles) Villeneuve et (René) Arnoux. C'était un peu le déclic, ça m'a marqué à vie", dit Moko de ce duel gravé dans les annales de la F1.
"Après, j'ai lu un peu sur Ferrari, je me suis documenté. Enzo Ferrari avait une vision, j'ai suivi son sillage et j'ai été fasciné par son personnage, lui qui n'a jamais quitté son village de Maranello. Au même moment, un Africain blanc pilotait pour Ferrari, Jody Scheckter . Ca m'a pris, et c'est comme ça que la voiture est venue en moi".
Scheckter le Sud-Africain est devenu champion du monde en 1979, dans une Ferrari, et Moko s'est mis à suivre la F1 de près, quelques années après ses premières émotions automobiles: une petite Alfa Romeo Zagato, puis une Ferrari Daytona achetée par un Italien de Modène, qui avait fait fortune au Sénégal et que Moko décrit comme son "père adoptif".
Moko adore la F1, mais il ne conduit pas: "Je n'ai pas de permis de conduire, et ça ne m'intéresse pas. Il faut que ça reste un mystère pour moi, un objet artistique, comme un tableau de Picasso, Matisse ou Van Gogh. Ces grands artistes partaient d'une feuille blanche, comme les ingénieurs de la F1. C'est très émotionnel pour moi de parler de la F1, car ma perception est complètement différente de celle des autres gens", plaide-t-il.
Quand on allume le contact, Moko ne s'arrête plus. Il y a 15 jours, il était à Monza, assis dans le public, "à la Parabolique, car c'est là que sont les tifosi". Puis il a passé un long moment dans le paddock, à saluer tout le monde, à taper sur l'épaule des uns et des autres, Adrian Newey et Sebastian Vettel compris.
Créateur de bijoux
"Les gens me connaissent. J'ai le privilège de ne pas avoir de +pass+ et je pense que c'est une forme de respect. Les gens qui donnent les +pass+ savent que je suis là parce que j'aime la course. Je suis le seul ici qui fait le tour du monde en payant de ma propre poche, pour suivre les pilotes".
Les pilotes de F1, c'est le vrai dada de Moko: "J'aime Ferrari, par respect pour mon père adoptif, mais je soutiens tous les pilotes, car ils me donnent tous du plaisir. La F1, c'est le pinacle, alors pourquoi aller voir autre chose. C'est le sport au monde où le nombre est le plus réduit, avec 24 pilotes, donc je dis que c'est un sport de vanités".
© AFP/Alexander Klein
Le créateur de mode Moko dans le paddock du GP d'Italie le 7 septembre 2013 à Monza
Pour Moko, les pilotes de F1 "sont les gladiateurs des temps modernes" et là il redevient sérieux, voire grave: "Quand les voitures partent, il faut prier pour tout le monde, pour qu'ils reviennent tous sains et saufs. Le pilote a son cercueil avec lui. Si ce n'est pas artistique, je ne sais pas ce que c'est".
Moko aussi est un artiste. Il crée des bijoux portés par Madonna, Lenny Kravitz et les stars d'Hollywood, mais motus sur sa société américaine: "Je ne veux pas mélanger ma passion et ce qui me fait vivre. Je n'ai pas besoin de publicité. Je veux que ça reste mystérieux, qu'on parle de ce qui me fait venir dans le paddock, pas de ce qui me fait manger".
Quand Moko repart à New York ou Los Angeles, le lundi, il emporte des articles de journaux, dans la langue du pays visité, et un +pass+ signé par le vainqueur du Grand Prix. C'est une collection invisible, pour l'instant, mais bien encadrée et "cachée à l'ombre des baobabs". Une collection réunie pour "montrer un jour, dans mon village, ce qui a fasciné un Africain autour du monde". Dixit Moko.