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Un mois après son dramatique accident au Grand Prix du Japon, le 5 octobre, le Français Jules Bianchi est toujours hospitalisé à Yokkaichi, près de Suzuka, dans un état "critique mais stationnaire", et plusieurs questions ont trouvé des réponses depuis.
Question: Quel est l'état de santé de Jules Bianchi ?
Réponse: Depuis le lendemain du drame, la formule est la même, ou presque: l'état "critique mais stable" du lundi 6 octobre est devenu "critique mais stationnaire", terme plus médical, jeudi dernier dans le dernier communiqué de la famille, via l'écurie Marussia.
Victime d'une "lésion axonale diffuse" (LAD), l'appellation officielle de son traumatisme cérébral grave, Bianchi, 25 ans, est un athlète de haut niveau, ce qui explique sa résistance. Bien entouré, il est en mesure de rester plusieurs mois dans cette situation assimilable à un coma, sans évolution notable.
Question: Que va-t-il se passer pour lui ?
Réponse: L'agent du pilote, Nicolas Todt, a décidé que la communication devait être contrôlée et limitée au strict minimum, en accord avec la famille. Ca n'a pas empêché le père du pilote, Philippe Bianchi, de confier récemment à un journaliste italien que l'état de Jules était "désespéré". Et cela n'empêche pas un infime espoir de subsister: l'espoir d'un miracle, comme pour Michael Schumacher après son accident de ski de décembre 2013 à Méribel.
En l'absence de précisions de la part de l'entourage, deux hypothèses sont crédibles: si Bianchi n'est pas encore rentré en Europe, c'est qu'il est encore intransportable, à cause de l'état de cicatrisation de son cerveau. Et s'il rentre en Europe, d'ici quelques semaines ou quelques mois, ce sera peut-être en Suisse, à Lausanne, dans l'établissement où Schumacher a passé trois mois, cet été, avant de rentrer à son domicile.
Question: Quelles sont les responsabilités ?
Réponse: Dans l'une de ses rares déclarations, Philippe Bianchi a évoqué un "accident de la circulation" plutôt qu'un incident de course. La Marussia de son fils Jules, partie en glissade, a heurté à 200 km/h environ l'arrière d'un engin de levage qui finissait d'évacuer la Sauber d' Adrian Sutil . A dix secondes près, elle aurait tapé directement dans les rails... en fauchant peut-être au passage trois ou quatre commissaires de course.
La Fédération internationale de l'automobile (FIA) a donné (presque) tous les éléments en sa possession lors d'une longue conférence de presse à Sotchi, avant le GP de Russie. Et son président, Jean Todt , a demandé à une commission spéciale d'examiner le rapport de Charlie Whiting, le directeur de course, et de formuler des propositions avant le prochain Conseil mondial de la FIA, fixé au 3 décembre.
Comme souvent dans un accident de la circulation, les responsabilités sont partagées et chacun les assume comme il peut. Selon plusieurs observateurs avertis, trois raisons sont évidentes: le pilote allait trop vite à ce moment-là, vu les conditions météo; l'écurie aurait dû lui demander de s'arrêter plus tôt pour changer de pneus; et le directeur de course aurait dû neutraliser la course dès la sortie de piste de Sutil, un tour plus tôt.
Question: Quels sont les trois facteurs-clé ?
Réponse: Personne n'a critiqué Jules Bianchi , vu le contexte, mais comme tous ses collègues pilotes, et même s'il avait un peu ralenti, il allait encore trop vite. Car c'est son métier et car il ne voulait pas se faire dépasser par son rival Marcus Ericsson (Caterham) qui visait sa 17e place. Le reste, c'est "une question de degré", a dit Whiting, et la FIA ne souhaite pas, pour l'instant, communiquer les relevés télémétriques. Par respect pour Jules Bianchi .
Un nouveau système a été testé vendredi à Austin, le "Safety Car Virtuel" (VSC), pour réduire automatiquement de 35% la vitesse de tous les pilotes sans attendre la sortie de la voiture de sécurité. Ce VSC aurait probablement évité l'accident de Bianchi. Une nouvelle version de cette technologie, modifiée après les commentaires des pilotes, sera testée ce week-end au Brésil
Les pneus intermédiaires de Bianchi étaient trop usés, car montés 24 tours plus tôt, et d'autant moins efficaces que la pluie reprenait. Son écurie aurait dû lui dire, plus tôt, de rentrer pour remettre des pneus pluie. Elle ne l'a pas fait car il était en bagarre avec Ericsson.
Les pilotes n'ont pas assez ralenti, même sous le régime des doubles drapeaux jaunes provoqués par la sortie de Sutil. "C'est la procédure normale", s'est défendu Whiting. Mais les conditions météo étaient exceptionnelles (menace de typhon, visibilité en baisse, etc.). Dans ces circonstances particulières, le 5 octobre à Suzuka, elle a eu des conséquences dramatiques.