Happy Birthday : |
Deux destins brisés en pleine ascension vers la gloire: la mort de Jules Bianchi vendredi à 25 ans après neuf mois de coma rappelle celle de François Cevert, qui a perdu la vie sur un circuit américain en 1973, à 29 ans.
A 41 ans d'écart, les accidents fatals des deux pilotes français ont eu lieu quasiment le même jour: le 5 octobre 2014 pour Bianchi, au Grand Prix du Japon de Formule 1, et le 6 octobre 1973 pour Cevert, lors des essais du GP des USA à Watkins Glen.
Même s'il est toujours délicat de comparer les époques et les pilotes, il y a plusieurs points communs entre Bianchi et son aîné trop tôt disparu.
Comme Cevert, Jules Bianchi avait une belle gueule, mais pas seulement. Il avait aussi un sacré coup de volant, ce qui lui a permis d'être repéré très tôt par la Scuderia Ferrari. L'écurie italienne l'a intégré à son Académie et il a gravi les échelons: Formule 3, puis GP2 (3e en 2010 et 2011), puis Formule Renault 3.5 (2e en 2012). Il s'est souvent entraîné avec Fernando Alonso , le double champion du monde espagnol, à Maranello.
- Trace indélébile -
Dans les années 70, c'est aussi grâce à son talent de pilote, révélé dans les catégories inférieures (F3, F2), que Cevert a été choisi par le vénérable patron d'écurie Ken Tyrrell pour épauler l'illustre Jackie Stewart . Il a eu le temps de disputer 46 GP, de monter 13 fois sur le podium et même d'en remporter un, celui des USA en 1971. Sur ce même circuit de Watkins Glen où il allait se tuer deux ans plus tard.
Cevert a laissé une trace indélébile dans les mémoires des fans de F1 et sa disparition a précipité la retraite de Stewart, qui était prévue pour la fin de saison 1973.
Sir Jackie, bouleversé par la mort de celui qui avait tout pour lui succéder, a renoncé à disputer à Watkins Glen ce qui aurait été son 100e GP de F1. Il s'est retiré avec un 3e titre mondial et a consacré plusieurs années à améliorer la sécurité sur les circuits. D'énormes progrès ont été faits, de nombreuses vies de pilotes ont été épargnées.
Contrairement à Cevert, Bianchi n'a pas eu la chance de gagner en F1, mais sa 9e place au GP de Monaco 2014, dans une modeste Marussia, était une sorte de victoire.
Assortie de deux points au Championnat du monde, deux petits points qui valaient très cher: neuf mois plus tard, grâce à la perspective des revenus commerciaux provoqués par ces deux points, l'écurie anglo-russe était sauvée de la faillite.
- Ferrari en vue -
Chez Tyrrell, Cevert était programmé pour remplacer Stewart. Il aurait eu les moyens de se battre pour le titre mondial. Chez Ferrari, Bianchi était en "pole position" pour monter d'un cran: quelques heures avant le GP du Japon, il avait signé un contrat avec l'écurie suisse Sauber, motorisée par la Scuderia.
Cette saison de transition au volant d'une Sauber, comme Kimi Räikkönen au début de sa carrière en F1, lui aurait permis de confirmer l'étendue de son talent, de finir de convaincre les dirigeants de Ferrari qu'il était l'homme de la situation pour épauler Sebastian Vettel en 2016, en attendant de lui succéder un jour, peut-être.
Cevert et Bianchi, aussi rapides que modestes, ont donc suivi des trajectoires comparables et suscité la passion des fans, puis une émotion immense. L'aîné sur des écrans de télévision noir et blanc, dans des magazines en couleur, le cadet sur les réseaux sociaux où des millions de "Forza Jules" ont été envoyés depuis ce triste dimanche d'octobre au Japon.
Bianchi a désormais rejoint Cevert au paradis des pilotes, un 17 juillet. 17, comme son numéro de course en F1.