Happy Birthday : |
© AFP/
Bernie Ecclestone (d) avec l'ex-footballeur anglais David Beckham avant le départ du Grand Prix de F1 de Singapour, le 22 septembre 2013
Le grand argentier de la Formule 1, Bernie Ecclestone, qui sera jugé en Allemagne pour corruption en avril, a renoncé à certaines responsabilités au sein du groupe qui gère la compétition mais continuera à en diriger les opérations au quotidien.
Le milliardaire britannique de 83 ans a déjà indiqué qu'il plaiderait non coupable. Il est accusé d'avoir versé 35 millions d'euros de pots-de-vin à un banquier allemand, lors de la vente des droits de la F1 au fonds d'investissement CVC Partners, actionnaire principal de Delta Topco, la holding de la F1, basée à Jersey.
Dans un communiqué, Delta Topco a indiqué avoir tiré les conséquences de l'ouverture fin avril d'un procès pour corruption, annoncé jeudi par le tribunal de grande instance de Munich (sud).
Son conseil d'administration explique "qu'il est dans l'intérêt des affaires de la F1, et du sport, que M. Ecclestone continue à gérer la F1 au jour le jour, mais en faisant l'objet d'un contrôle plus important de la part du CA. M. Ecclestone a accepté ces nouvelles dispositions".
La validation et la signature des contrats les plus significatifs seront désormais sous la responsabilité du président du CA, Peter Brabeck-Letmathe, ancien PDG du groupe Nestlé de 1997 à 2008, et de son adjoint, Donald Mackenzie.
"M. Ecclestone a une nouvelle fois assuré le CA qu'il était innocent et il a l'intention de se défendre vigoureusement. Après en avoir débattu avec le CA, M. Ecclestone a proposé, et le CA a accepté, que jusqu'à la résolution de cette affaire il démissionne de son mandat d'administrateur, avec effet immédiat, et donc de toutes les responsabilités qui y sont liées".
Toujours actionnaire minoritaire de la F1, il va donc continuer à gérer Formula One Management (FOM), le bras purement opérationnel de CVC Partners et Delta Topco en F1, au sein de Formula One Group (FOG).
Il peut potentiellement continuer à négocier les futurs contrats, à défaut de les signer, avec les écuries, les promoteurs, les propriétaires de circuits et les parraineurs de la F1, comme il le fait, dans la plus grande discrétion, depuis les années 80.
La justice allemande enquête depuis près de deux ans sur 35 millions d'euros versés par Ecclestone à un ancien responsable de la banque publique bavaroise Bayern LB en 2006 et 2007.
A l'époque, CVC avait racheté pour 839 millions de dollars (environ 640,5 millions d'euros) les droits de la F1 détenus jusque-là par Bayern LB.
Le banquier Gerhard Gribkowsky, alors directeur des risques de l'établissement financier allemand, a été condamné en juin 2012 à huit ans et demi de prison pour corruption et fraude fiscale, car il n'avait pas déclaré les 35 millions.
Lors du procès, il avait affirmé que cette somme était un pot-de-vin. Le richissime patron de la F1, convoqué à l'audience en qualité de témoin, avait alors reconnu le versement mais l'avait présenté comme une forme de "prix du silence" pour que M. Gribkowsky ne fasse pas de révélations gênantes sur son patrimoine au fisc britannique.
Les avocats d'Ecclestone ont réaffirmé dans un communiqué que les faits reprochés étaient "incorrects", niant toute forme de corruption.
Ecclestone est menacé par plusieurs autres affaires judiciaires. Un dossier qui lui est lié a été ouvert en octobre par la justice suisse. Il est également accusé par la haute cour de justice de Londres d'avoir conclu "un pacte de corruption" pour tenter de maintenir sa mainmise sur la F1. Selon la presse allemande, une décision de cette juridiction est attendue dans les prochains jours.
Ancien pilote moto et marchand de voitures d'occasion, entre autres activités plus ou moins lucratives, Ecclestone a débuté en F1 en 1971, quand il a racheté l'écurie Brabham, fondée par Sir Jack. Elle a ensuite conquis deux titres mondiaux avec le Brésilien Nelson Piquet (1981, 1983).
Les dernières estimations de sa fortune personnelle tournent autour de 4 milliards d'euros.
Roi de la F1, il est également une figure controversée. En 2005, il avait dû s'excuser après des remarques sexistes sur les femmes pilotes de Formule 1 et en 2009, il avait qualifié Adolf Hitler d'"efficace".