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Guy Ligier est décédé dimanche, jour de podium pour un Français en Formule 1, en laissant un souvenir impérissable dans la légende du sport automobile à la française.
Romain Grosjean aurait pu être son petit-fils. Il est monté sur le podium au GP de Belgique le jour où Guy Ligier s'est éteint, à 85 ans. Ligier a rejoint Jean-Pierre Beltoise , disparu en début d'année, et Jules Bianchi , qui aurait pu être son pilote.
Depuis, des photos de ses monoplaces, avec la célèbre silhouette de gitane sur la carrosserie, se répandent sur internet.
"Quand j'étais petit et que je grandissais au Mans, j'étais inspiré par ces Ligier de F1, bleu clair et blanches, pilotées avec panache et aplomb par des héros français comme Jacques Laffite , Patrick Depailler et Didier Pironi ", écrit Eric Boullier, le Team Principal français de McLaren F1, dans un communiqué en forme d'hommage.
Les initiales "JS" de toutes ses voitures, c'était pour Jo Schlesser , son ami trop tôt disparu dans les flammes d'un accident terrible à Rouen, lors du GP de France 1968. Deux ans plus tôt, l'ancien talonneur de rugby, champion de moto et d'aviron, s'était fait 47 fractures en s'envolant dans les arbres du Nürburgring. Alors il a arrêté sa carrière de pilote, pour de bon.
- Plusieurs vies -
"Ligier était une écurie très française, qui faisait courir des pilotes très français, mais elle a gagné dans le monde entier, pas seulement en Europe", rappelle Boullier, pour qui Guy Ligier était "dur et ne faisait pas de compromis". Un trait de caractère dont se souviennent tous ceux qui ont côtoyé le patron d'écurie, connu aussi pour ses coups de gueule et ses colères.
Né le 12 juillet 1930 à Vichy, dans l'Allier, Guy Ligier a eu plusieurs vies. Il a été garçon-boucher et même entrepreneur de travaux publics, avec un millier de salariés qui construisaient des autoroutes. Il a aussi été l'ami de François Mitterrand, bien avant qu'il devienne président de la République.
Au rayon sport auto, ce pilote éclectique a couru en rallye, aux 24 Heures du Mans, en F1 (12 GP disputés, un seul point, au GP d'Allemagne 1967).
Comme artisan rusé de la F1 à l'ancienne, celle des garagistes anglais, il a quand même dirigé une écurie capable de disputer 326 GP entre 1976 et 1996, pour 9 victoires, 9 pole positions et 50 podiums. La fin de l'histoire, la dernière victoire, c'est quand Olivier Panis a remporté en 1996 le GP de Monaco.
- Endurance et voiturettes -
"Il aura eu une belle vie. C'était un grand monsieur du sport auto. Il a su donner leur chance à beaucoup de pilotes français en F1. Il était profondément humain. Nous étions très proches, j'avais un bon +feeling+ avec lui", a résumé Panis, "très touché" par son décès.
"M. Ligier a énormément oeuvré pour faire rayonner le savoir-faire français en Formule 1 et en endurance à travers son écurie de course", a ajouté Pierre Fillon, président de l?Automobile Club de l?Ouest (ACO).
C'est justement au Mans, en juin dernier, que Guy Ligier avait fait sa dernière sortie officielle, au baptême de la nouvelle Ligier JS3, un petit prototype destiné aux 24 Heures, construit par son ami Jacques Nicolet.
Quand Ligier a pris du recul, après la F1, ses héritiers se sont lancés, contre son avis, dans la fabrication de voiturettes sans permis. Des engins à quatre roues certes, mais bien moins chers et rapides que les F1 ayant consumé ses finances.
Les Automobiles Ligier, N.1 sur le marché européen, lui survivront donc, comme autant de clins d'oeil roulants au destin de cet homme remarquable, sensible et passionné, français jusqu'au bout des ongles.