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Alors que le premier Championnat FIA de Formule électrique connaît son épilogue dimanche à Londres, le directeur général de Renault Sport, Cyril Abiteboul, estime qu'il faut donner "un peu de temps" à cette discipline pour s'installer.
Dans un entretien avec l'AFP en marge du "Festival de la vitesse" à Goodwood (sud de l'Angleterre), il revient aussi sur la mauvaise passe de Renault en Formule 1, alors que son contrat de motoriste avec Red Bull Racing se termine fin 2016.
QUESTION: quel regard portez-vous sur la Formule E, dont le titre "écuries" vient d'être remporté par e.dams-Renault? A-t-elle trouvé son public?
REPONSE: "Pour un championnat qui se crée de zéro, il faut un petit peu de temps. Il ne faut pas qu'il aille trop vite en besogne, que son évolution en matière de coûts soit plus rapide qu'en matière de visibilité. C'est là-dessus que nous sommes très vigilants, surtout en ayant l'expérience de la F1. Renault a une très bonne position, a participé à la création de ce championnat sur le plan technique. On ne va pas gagner en F1 cette année, mais ce ne sera pas une année blanche, grâce à la Formule E".
Q: Justement, après un début de saison décevant en F1, on parle de tiraillements entre Red Bull et Renault. Quelle forme pourra prendre l'engagement de Renault en F1 à l'avenir?
R: "Si on est en F1, c'est pour être au plus haut niveau. On ne va pas se satisfaire de la situation actuelle et avant toute chose on va s'assurer d'être capables de renouer avec la performance, après avoir retrouvé la fiabilité. Après, on a un certain nombre d'options. On a pris en 2009 la décision de sortir de notre écurie (ndlr: Renault F1) mais pas de claquer la porte de la F1. Ca permet de ne pas décrocher. Aujourd'hui, Renault n'a pas sa propre écurie et a besoin d'une équipe de pointe, Red Bull en est clairement une, qui dépense sans compter quand il s'agit de châssis. Je continue de croire qu'il n'y a rien en théorie qui s'oppose au maintien d'une relation stratégique entre Red Bull et Renault. Si l'on n'est pas capables de se mettre d'accord et qu'on veut rester en F1, une solution est d'avoir notre propre équipe, mais aujourd'hui ce n'est absolument pas une décision qui est prise. Si on le souhaitait, on en aurait les moyens et le savoir-faire".
Q: Vu le budget important que nécessite la F1, réfléchissez-vous à l'équation entre les coûts et ce qu'elle peut vous rapporter en termes d'image?
R: "C'est cette équation qu'on regarde tous les ans, on examine régulièrement la façon dont la F1 évolue. C'est quand même un sport qui continue d'attirer plus d'un demi-milliard de téléspectateurs et qui nous permet d'être présents sur des marchés importants pour nous. On voit que c'est un raccourci formidable pour rapidement faire connaître la marque".
Q: A Goodwood, Renault a fait venir ses voitures de sport légendaires, comme la F1 à moteur turbo d' Alain Prost . Vous sentez-vous héritier de la tradition des sports mécaniques français?
R: "En tout cas, je suis nourri par 115 ans d'histoire pour Renault en sport auto, et d'une certaine façon, c'est ça qui nous donne un peu de flegme. Ca fait 37 ans qu'on fait de la F1, on sait qu'on gagne et qu'on perd, qu'il y a des hauts et des bas. Renault n'est pas un sponsor, Renault est un constructeur, un acteur important du sport automobile. Je regardais aujourd'hui une Benz de 1910, je me disais que Benz était déjà là à l'époque, et toujours là plus d'un siècle plus tard (ndlr: le groupe Daimler-Benz, propriétaire de Mercedes-AMG, qui domine en F1). Renault aussi est toujours là, on continue de se battre sur la piste. On verra où sera Red Bull dans 100 ans..."
Propos recueillis par Tangi QUEMENER.