Règlement et historique
Escrime
Le terme « escrime » est issu de l'ancien français 'escremie' lui-même dérivé du francique 'skirmjan' signifiant « défendre, protéger ». Ce détour étymologique nous permet de prendre conscience que l'escrime est un art de défense, et plus spécifiquement l'art de se défendre avec une arme blanche.
« L’escrime n’est pas uniquement une activité sportive codifiée où le but est de toucher
avec un fleuret, une épée ou un sabre, c’est aussi une pratique artistique et de loisir où
le but est de produire un spectacle de combats modernes ou anciens, avec une ou
plusieurs armes ». (Maître Gérard Six')
L'escrime est un sport de combat. Il s’agit de l’art de toucher un adversaire avec la pointe ou le tranchant (estoc et taille) d’une arme blanche sur les parties valables sans être touché.
On utilise trois types d'armes : l’épée, le sabre et le fleuret. Ces trois armes sont mixtes : épée féminine et masculine, fleuret féminin et masculin et sabre féminin et masculin. Les épreuves sont individuelles ou par équipes. Elles sont au nombre de douze.
Deux concurrents s’affrontent et le vainqueur est celui qui, à coup de feintes, de fentes, de parades et de ripostes, marque en premier le nombre de touches nécessaires pour la victoire.
La devise de l’escrime : “Ne me dégaine pas sans raison, ne me rengaine pas sans honneur”.
Historique
Les origines de l’escrime remontent loin dans l’histoire et sa pratique, d’abord essentiellement liée au combat et plus tard au duel, a évolué jusqu’à devenir de nos jours celle d’un sport.
Le combat d’épée est pratiqué depuis des millénaires. Cependant, l’escrime, qui est au départ un exercice d’entraînement militaire, ne devient un sport qu’aux alentours du 15e siècle.
Les armes tenaient une place importante dans les sociétés et les cultures orientales anciennes. Tout au long de l’histoire, il est fait mention de compétitions à l’issue parfois mortelle, telles que les combats de gladiateurs romains, les tournois de la noblesse médiévale, les duels à l’épée.
Des gravures en relief découvertes dans le temple de Madinet-Habu, à Louxor en Egypte, datant de 1190 avant J.-C, montre des escrimeurs au combat. Les jeux d’épée furent pratiqués comme entraînement au combat par des civilisations anciennes comme le Japon, la Chine, la Perse, la Grèce et Babylone. A l’époque gréco-romaine, les guerriers utilisaient des épées courtes et tranchantes. Au Moyen âge, les chevaliers maniaient à deux mains des épées larges et massives. Les mousquetaires de Louis XIII jouaient avec brio de la rapière et de la dague.
C’est en Europe que l’escrime moderne a vu le jour en tant que sport. Les premières guildes furent fondées en 1480 par des maîtres d’escrime allemands, tel le ‘Marxbruder’ de Francfort. Henri Saint-Didier est à l’origine des principaux mouvements d’escrime qui sont toujours en vigueur. Les duels et les combats à l’épée, souvent fatals, étaient populaires du 16 au 18è siècle avec des armes telles que des bâtons, des sabres et des glaives. Le Roi français Charles IX créa en 1567, l'Académie des maîtres d'armes.
Au 17e siècle, trois innovations démocratisent la dimension sportive de l’escrime : le "fleuret", arme à pointe aplatie ; un ensemble de règles qui limite les zones de touches et l’adoption du masque grillagé. Ces progrès contribuent à garantir la sécurité des escrimeurs.
Egalement en France, l’École de Joinville, créée en 1872, forma des maîtres d’armes qui s’attachèrent, non plus à donner à d’éventuels duellistes le moyen de triompher sur le pré, mais surtout à enseigner une véritable pratique sportive, empreinte de courtoisie et d’élégance. A côté de l’épée, arme de pointe, dite d’estoc, où les touches sont valables sur toutes les parties du corps, on adopta le fleuret, arme d’estoc également, mais de caractère conventionnel, où la manière de porter les touches ainsi que la surface à atteindre avaient une importance primordiale. Enfin, le sabre, utilisant le tranchant (taille) et la pointe (estoc), arme traditionnelle des Magyars, arme du combattant à cheval également, fit son apparition en tant que troisième discipline sportive et reçut des limitations d’emploi qui en firent une autre arme conventionnelle. Les règles et la technique n'ont pas beaucoup évolué depuis ses débuts, exceptée l'introduction d'une signalisation des touches à l'électricité.
C'est donc au XVe siècle que sont édités les premiers traités d'escrime, mot d'origine allemande (schirmen " protéger "), encore que, dans les romans de la Table ronde, on donne au " joueur d'épée " le nom " d'escrimisseor " ou "d'escrimisseur". En fait, l'escrime moderne est née en Espagne et, plus précisément, à Tolède, ville célèbre pour ses manufactures d'armes. Mais c'est grâce aux écrits des maîtres italiens, tels Marozzo, Agrippa et Giganti, au XVIe siècle et au début du XVIIe, qu'elle acquiert sa forme actuelle. Les Français (Saint-Didier, Thibaust), à leur tour, en codifient les règles, allégeant considérablement le poids des armes, et c'est en 1653 que le maître d'armes Besnard imagine le fleuret, arme d'estoc - de pointe -, inoffensive et légère. Sous Louis XIV, l'art de l'escrime fait partie de l'éducation. L'école française peut alors rivaliser avec l'école italienne, et les assauts livrés en public permettent aux tireurs de montrer tout leur savoir. Une courtoisie extrême est de rigueur. Pour éviter tout accident, les pointes des fleurets sont mouchetées et, vers la fin du XVIIIe siècle, le port du masque en treillis, inventé par La Boessière père, devient obligatoire dans les salles et en assauts. La Boessière fils complétera l'œuvre de codification, et aux quatre positions élaborées par Agrippa - la prime, la seconde, la tierce, la quarte - il ajoutera la quinte et la sixte. Les maîtres Jean-Louis, Lhomandie, La Faugère, Gonard, Grisier et Cordelois contribueront aussi à l'essor de l'escrime sportive, qui, à partir de 1880, comprend, outre le fleuret, l'épée et le sabre sous leur forme actuelle.